La "réorientation" des échanges (1858-1875)

        Cette première période du développement de la maison Pommery correspond à une phase de "maturation". Deux processus en font la particularité, à commencer par l’application progressive, par ses représentants et ses agents, de la politique exposée précédemment [1] . D’autre part s’observe, au sein de son espace commercial, une très nette "réorientation" des échanges. Précisons que ce terme de "réorientation" ne réfère pas spécifiquement à une quelconque volonté de la maison Pommery. Il vient plutôt rendre compte d’une évolution, au terme de laquelle le marché anglais occupe une place prédominante. La maison Pommery s’est dissocié de son aire d’influence commerciale initiale, largement héritée de l’ancienne maison Wibert & Greno. L’étude de ces deux processus nous amènera à nous intéresser aux relations qu’elle entretient avec ses intermédiaires, de façon à voir la marge de manœuvre dont elle dispose au cours de cette première période. 

 

 

1. La mesure de cette aire d'influence
1.1. Les chiffres de ventes
1.2. La géographie épistolaire

2. Les évolutions
2.1. L’aire d’extension des affaires à la fin des année 1850
2.1.1. La continuité
2.1.2. La clientèle "revendiquée"
2.2. Une double évolution
2.2.1. La perte d’influence des "marchés traditionnels"
2.2.2. La montée en puissance de nouveaux marchés

 

 

 

 

Chapitre IV : L' "aire d'influence commerciale" de la maison Pommery

 

Ce chapitre doit nous amener à rendre compte de la "réorientation" qui s'est opérée dans les échanges de la maison Pommery au cours de cette première période. Pour ce faire, nous avons mesuré les évolutions de son aire d'influence commerciale.

 

 

1.                La mesure de cette aire d'influence

 

Il nous faut tout d’abord préciser ce que nous entendons sous le terme d’"aire d'influence commerciale", son intérêt et les sources qui nous permettent de l’approcher. Elle correspond à l'aire d’extension géographique des affaires de la maison Pommery, c'est-à-dire les marchés ou les places sur lesquelles elle vend son vin. Le volume des expéditions de bouteilles constitue bien évidemment l’un de ses principaux indicateurs. Les aléas de la conservation des archives privées font que nous ne disposons malheureusement d’aucun chiffre global concernant ses expéditions avant 1880/1881. A partir de cette date, le chiffre des expéditions, par semestre et par agence, est consigné dans un registre[2]. En revanche, pour la période initiale, nous ne disposons pas de registre des ventes ou d'inventaires. Cette dernière source fait principalement défaut à ce mémoire. Nous savons, d’après la correspondance envoyée, que ceux-ci sont réalisés tous les semestres à partir des comptes de ventes des représentants et des relevés des vins restant dans les différents dépôts de la Maison[3]. Ces inventaires indiquent non seulement les ventes réalisées, mais également les stocks de vins disponibles en cave. Cette information peut se révéler particulièrement intéressante car elle témoigne des moyens financiers engagés par une maison. L’absence de ce type de source nous prive de toute mesure fiable quant aux expéditions de la maison Pommery pour toute la période qui s’étend des débuts jusqu’en 1881. Il  nous est alors difficile de retracer la croissance de ses ventes, mais également de voir l’importance relative de ses différents marchés, et leur évolution respective. Seules quelques données chiffrées disparates sont citées dans l’étude d’A. Floquet. Il est vraisemblable que ces chiffres sont tirés des inventaires qu’il a pu lui-même consulter[4]. Il relève ainsi que la maison Wibert & Greno devait avoir atteint un chiffre annuel de ventes de 45.000 bouteilles à sa dissolution[5]. En tout cas, il nous a fallu pallier cette lacune dans les sources pour cette première période.

 

1.1.         Les chiffres de ventes[6]

 

Nous trouvons la trace de ces chiffres dans la correspondance envoyée. Chaque semestre, la Maison envoie à ses représentants leur "compte de provision", relevé des ventes effectuées au cours du semestre sur lequel sont mentionnés les différents ordres avec le nom du client, la date, le nombre de bouteilles commandées, le prix unitaire et le montant de la commande. C’est à partir de ces comptes que sont calculées les commissions des représentants. Ils nous renseignent donc sur le(s) pourcentage(s) qu’ils touchent sur leurs ventes, mais également sur leur "champ d’action", par le biais des adresses des clients[7].

 

Ces comptes nous ont permis de reconstituer le chiffre global des ventes pour les quatre coupes que nous avons opérées dans la correspondance. Ce chiffre est cependant difficile à reconstituer avec fiabilité, notamment en raison des lacunes. Pour preuve, en 1859/1860, nous ne disposons d’aucun chiffre pour le marché hollandais. D’une part, pour les années choisies, nous n’avons pas trouvé la trace de certains de ces comptes, alors même qu’il y est fait référence dans la correspondance. C’est le cas notamment de L. Mertens, dont les comptes ne figurent pas dans les livres de correspondance envoyée de 1859/1860 et 1864/1865, sans que nous puissions l’expliquer. Peut-être est-ce lié à son statut  d’"agent général". De fait, les comptes de G. Van Loo, qui occupe la même fonction en Belgique, manquent également. Cependant, dans son cas, nous disposons de "redressements de compte" ; il s’agit sans doute d’un contrôle, par la maison Pommery, du relevé des ventes envoyé par son agent. En revanche, ils n’indiquent pas le nombre de bouteilles vendues. La nature même des comptes de provision doit également nous amener à les relativiser. Toute commission n’est versée aux agents qu’après recouvrement intégral des factures[8]. Les chiffres de ventes sont donc théoriques ; les ventes non recouvrées sont vraisemblablement déduites des comptes suivants. Se pose aussi un problème d’exhaustivité. N’ayant pas de liste des représentants de la Maison, nous ne sommes jamais sûr de couvrir l’ensemble des ventes sur une année. De plus, certaines ventes ne sont pas répertoriées. C’est le cas des ventes réalisées par les consignataires - qui ne reçoivent pas de "comptes de provision" - ou de celles que la Maison fait directement à certains négociants, sans passer par l’intermédiaire de ses agents ou représentants[9]. Le chiffre des expéditions que nous avons reconstitué doit donc nous servir d’indicateur pour mesurer la croissance des ventes - notamment au regard de l’évolution des ventes de champagne[10] - et l’importance respective des différents marchés, mais il nous faut rester prudent dans son interprétation, compte tenu des réserves que nous avons posées : les chiffres obtenus ne sont que des indicateurs[11].

 

1.2.         La géographie épistolaire

 

Les chiffres de ventes reconstitués présentent ainsi certaines limites. Pour essayer d’appréhender le plus précisément possible l’"aire d’influence commerciale" de la maison Pommery, nous nous sommes intéressés à sa "géographie épistolaire". L’aire d’influence se mesure à l’intensité des flux entre la Maison et ses principaux marchés. Le nombre de bouteilles expédiées constitue évidemment le flux principal – le plus facilement mesurable et le plus parlant, mais l’importance d’un marché se traduit également dans la correspondance. Les échanges épistolaires agissent, dans cette optique, comme un bon révélateur : ils mettent en évidence le poids qu’occupe un marché dans cette activité quotidienne de la Maison qu’est la correspondance, qu’elle soit envoyée à la clientèle ou à ses  intermédiaires. Le relevé global des échanges épistolaires présente toutefois certaines limites, dont celle d’être dépendant des changements intervenus dans le contenu de la correspondance. A la fin des années 1850, la Maison envoie une "lettre d’avis"[12], vraisemblablement à chaque client, pour l’avertir de l’envoi de ses vins. Le nombre de correspondants est sans doute un bon indicateur de l’importance d’un marché. Mais ces lettres disparaissent par la suite, ce qui explique en partie l’importance du décalage entre le nombre de lettres envoyées en 1859/1860 et celles envoyées en 1864/1865. D’autre part, il nous est impossible d’inclure dans ce relevé général les lettres envoyées à des correspondants français, car elles ne reflètent pas le poids du marché (de consommation) français. Les nombreuses lettres envoyées aux fournisseurs, par exemple, seraient comptabilisées à tort.

 

Pour pallier ces limites, nous avons essayé d’affiner cette "géographie épistolaire", en se focalisant davantage sur le nombre d’intermédiaires et l’intensité de leurs relations avec la Maison. La nature de ces intermédiaires est elle-même révélatrice, si ce n’est de l’importance, du moins de l’intérêt d’un marché pour la maison Pommery. Recourir aux services d’un voyageur, d’un représentant ou d’un agent n’a pas la même signification, comme nous avons pu le mettre en évidence précédemment[13]. Cette approche, intégrant cette dimension "structurelle", présente l’avantage de valoriser l’intérêt de la Maison pour tel ou tel marché. L’exemple du marché anglais nous semble, à cet égard, particulièrement révélateur. Si nous nous en tenons strictement aux chiffres des expéditions, ce marché est insignifiant pour la Maison à la fin des années 1850[14]. Cependant, les relations qu’elle entretient avec ses représentants - Kniep & C°, qui deviennent probablement ses agents sur le marché anglais en 1860 - mettent en évidence sa volonté d’y développer ses affaires. Nous avons donc relevé la correspondance envoyée par la Maison à ses différents intermédiaires. Parallèlement, la structure des lettres nous a permis de relever la correspondance que ceux-ci lui ont envoyée. Chaque lettre commerciale que la Maison envoie commence rituellement par une formule accusant réception des lettres reçues[15]. Cela nous donne la possibilité de mesurer l’intensité des relations, et donc d’appréhender beaucoup plus finement le poids d’un marché. La plupart des lettres reçues par la Maison contiennent en effet les ordres à exécuter, les livraisons effectuées des dépôts à facturer - que lui transmettent ses agents ou représentants - ou encore les avis des créances, recouvrées ou non, que lui transmettent ses commissionnaires. Nous ne nous sommes intéressés qu’aux intermédiaires qui agissent réellement sur un marché – ce qui exclue les commissionnaires chargés du transport des vins, ceux-ci expédiant indifféremment dans divers pays[16], mais ce qui nous permet d’intégrer les intermédiaires opérant sur le marché français. Certaines limites, tenant à la nature des intermédiaires, doivent cependant être soulignées. Elles concernent en premier lieu les voyageurs qui, s'ils agissent pour certains sur un marché déterminé, peuvent difficilement être répertoriés pour d’autres. La situation de ces voyageurs est bien souvent complexe. C’est le cas de Poidevin fils, parmi d’autres, en 1859/1860, qui voyage au Luxembourg, aux Pays-Bas, sur la côte de la Manche et en Champagne. Dans son cas, nous avons essayé répartir sa correspondance entre ces différents pays. Concernant les "représentants", il est de fait utile de se reporter aux tableaux des ventes, où leur "champ d’action" se trouve précisé. En outre, dans le cas de consignataires, le volume de correspondance échangée ne reflète pas de manière précise le poids d’un marché. Les relations épistolaires ne comprennent pas, à l’instar des autres représentants, les ordres envoyés à la Maison, ou les avis de recouvrements, puisque les consignataires concentrent ces fonctions. C’est le cas de C. Graef aux Etats-Unis par exemple, avec qui les relations sont relativement distendues, alors même que le marché américain joue un rôle important dans les affaires de la maison Pommery.

 

L’analyse des relevés de correspondance nous a permis de distinguer des "pôles". Nous parlons ici de "pôle" pour désigner une place où se trouvent les intermédiaires avec lesquels la Maison échange l’essentiel de sa correspondance. Ces "pôles" occupent une position stratégique au sein de son espace commercial. Ils l’organisent en concentrant un certain nombre d’activités, essentielles à la bonne marche et au développement de ses affaires. Ils rayonnent ainsi sur un espace plus ou moins grand qu’ils balisent. C’est le cas des commissionnaires-entrepositaires, dans le rayon de leurs livraisons et recouvrements, mais également des agents par leurs voyages dans leur "champ d’action". Si les relevés de correspondance intègrent les échanges avec tous les intermédiaires de la Maison, nous n’avons représenté que l’intensité de ses relations avec ses principaux "pôles"[17], en raison même de leur intérêt stratégique dans l’espace commercial de la maison Pommery. Là encore, une exception mérite d’être soulignée. Il s’agit du cas des affaires en Suisse et en Italie, la Maison ayant confié l’agence de ces deux marchés à un voyageur résidant à Paris, A. Delvaux. Nous avons pris le parti de représenter ces échanges avec ces deux marchés comme s’ils s’agissait d’un "pôle". Comptabiliser la correspondance envoyée à cet intermédiaire avec la correspondance envoyée à Paris aurait été, à notre sens, une erreur ; les affaires sur ces marchés ne dépendent pas de ce pôle. L’intérêt des schémas est de mettre en évidence comment l’évolution de son "aire d’influence commerciale" entre 1859/1860 et 1893/1894 accompagne la croissance de ses expéditions, et en quoi elle est une modalité de cette croissance. Précisons qu’ils n’ont pas de valeur géographique en eux-mêmes. Si nous avons essayé de respecter de la position relative de ces "pôles", elle n’est qu’approximative, afin que ces cartes gardent leur lisibilité. La distance entre Reims et ces villes n’est donc pas strictement proportionnelle. En revanche, nous avons conservé pour toutes nos coupes la même échelle dans la représentation des flux, un centimètre correspondant à 80 lettres. Le nombre de lettres envoyées vers un de ces "pôles" est indiquée par la largeur des rectangles.

 

 

2.                Les évolutions

 

Cette "géographie épistolaire" met clairement en évidence la réorientation qui s’est opérée dans les échanges de la maison Pommery entre 1858 et le début des années 1870 : l’essentiel des échanges se réalisent à ce moment avec de nouveaux marchés, qui se sont affirmés aux dépens de marchés "traditionnels".

 

2.1.         L’aire d’extension des affaires à la fin des année 1850

2.1.1. La continuité

 

L’analyse des relevés de la correspondance envoyée en 1859/1860 met en évidence le poids du marché belge pour la maison Pommery : plus de deux tiers des lettres (70%)[18] sont expédiées à près de deux tiers des correspondants étrangers (65%). L'estimation des expéditions vers ce marché vient confirmer ce poids : elle y réalise probablement environ les trois quarts de ses ventes (74%). Ces chiffres donnent la mesure de l'importance vitale du marché belge. Il s’agit de l’un de ces marchés "traditionnels" que nous avons évoqués, notamment avec le marché hollandais qui concentre 10% des correspondants. N. Greno, voyageur de l'ancienne maison, en a fait ses marchés de prédilection : il y a créé la clientèle de l’ancienne maison et a sans doute fait de sa marque une des plus cotée sur ces marchés[19]. L'analyse de ces relevés fait également apparaître l'importance relative des échanges avec Cologne – et sans doute avec les Etats rhénans de l’Allemagne – puisque ce "pôle" reçoit à lui seul plus du tiers de la correspondance envoyée en Allemagne, très largement devant les autres villes. Cet espace homogène - comprenant la Belgique, les Pays-Bas et les Etats de l’Allemagne rhénane - dessine l'essentiel de l'aire d'extension des affaires de la maison Pommery : il concentrerait plus de 85% des expéditions. La géographie des pôles traduit bien cette réalité.

 

Figure 2 : Géographie épistolaire des principaux pôles de la maison Pommery, d'après la correspondance de 1859/1860

Ce schéma laisse clairement apparaître la forte concentration des échanges avec cet espace - sur neuf pôles, huit appartiennent à cette aire "traditionnelle". Londres, qui n'en fait pas partie, n'a vraisemblablement qu'une faible influence, comme semble le confirmer l'estimation des expéditions réalisées sur le marché anglais'''. L'aire d'extension des affaires de la maison Pommery reste, à la fin des années 1850, étroitement liée au rayon d'action de N. Greno tel que nous pouvons l'appréhender à travers sa correspondance Nous avons déjà eu l'occasion de souligner que ses voyages ont grandement contribué à dessiner l'aire d'extension des affaires de l'ancienne maison". Ils l'ont conduit principalement sur les routes de la Belgique, de la Hollande et les Etats de l'Allemagne voisins du Rhin" — dont Cologne est l'un des centres névralgiques — pays qui comptent parmi les débouchés traditionnels des vins de Champagne, "tranquilles" ou mousseux. Paris compte également parmi ses destinations de prédilection ; il y compte de nombreuses relations [20] . Le nombre de représentants et le poids relatif des expéditions fait d'ailleurs de Paris et des régions situées au nord de la Seine (Nord, Ardennes, Picardie, côte de la Manche), un débouché non négligeable pour la maison Pommery : les expéditions en France se résument à ces régions ou presque. Il s'agit là d'un espace avec lequel l'ancienne maison fait traditionnellement des affaires [21] . Au total, l'aire d'extension des affaires à la fin des années 1850 peut apparaître relativement limitée au regard de celles des grandes maisons de l’époque. Pour comparaison, elle coïncide avec celle de la maison Perrier-Jouët à ses débuts, dans les années 1810 et peut-être encore au début des années 1820 [22] .

 

C’est véritablement en terme d’"héritage" qu'il nous faut concevoir cette aire commerciale. Il serait difficile d'imaginer que la maison Pommery ait pu – même si elle l'avait voulu – s'en départir. La clientèle de l'ancienne maison constitue d'ailleurs un capital qu'elle a tout fait pour conserver. Cette continuité se marque également par une certaine inertie dans l’organisation commerciale : la maison Pommery compte sur le soutien et la confiance des différents intermédiaires qui ont travaillé avec la maison Wibert & Greno[23]. Il est évident qu'elle a eu tout intérêt à s'inscrire, dans un premier temps au moins, dans la continuité de l'ancienne maison, ne serait-ce que pour conserver la confiance du noyau de clients fidèles. Le changement de raison sociale a d'ailleurs été présenté comme un simple changement de nom et non comme un changement d'organisation, de structures[24]. De plus, N. Greno reste associé et continue de voyager pour le compte de la nouvelle maison. Il entretient régulièrement, par ses lettres et ses visites, les relations solides dont il dispose. Les précautions que la maison Pommery prend pour éviter que la clientèle belge et hollandaise croie qu’il ne voyage plus témoignent de cette dépendance à l'égard de la clientèle de l'ancienne maison[25].

 

2.1.2. La clientèle "revendiquée"

 

La présence sur ces marchés est pleinement assumée par la maison Pommery. Elle est utilisée comme une "carte de visite", notamment dans la correspondance envoyée aux nouveaux intermédiaires :

 

         « […] En Belgique, le pays des connaisseurs, en France, en Hollande et en Angleterre, la marque est très appréciée. En Allemagne, […] nous avons entrepris d’y introduire les vins secs et nous y réussissons. »[26]

 

Nous retrouvons ce genre de remarques à plusieurs reprises[27], non sans certaines contradictions d’ailleurs. A chaque fois, elles mettent la marque en valeur en précisant les marchés sur lesquels elle est appréciée : la Belgique, la Hollande et l’Allemagne principalement – quelquefois Paris. La Maison, dont la notoriété est encore restreinte à la fin des années 1850 et au début des années 1860, doit en effet assurer la crédibilité de la marque aux yeux de ces intermédiaires. Or cette crédibilité se mesure principalement à l’aune de ses succès commerciaux. Dans l'extrait cité ci-dessus, la réussite sur le marché allemand vient jouer le rôle d’argument commercial en faveur de la Maison, d’autant que H. Vasnier souligne son esprit d’innovation. En outre, il légitime la présence de la marque sur le marché belge en le présentant comme le marché des « connaisseurs ». Il est intéressant de constater que nous retrouvons le même discours dans une lettre de N. Greno :

 

         « […] Quoique la Marque se trouve déjà dans tous les grands Etablissements de Paris, nous voulons aviser à donner une plus grande importance à la vente de nos vins sur cette place de façon qu’elle marche de paire avec nos vieilles et bonnes relations de Belgique (qui est la première cave du monde), de Hollande, d’Allemagne, voire même de Londres et de New-York, où nos agents, malgré les plus puissantes concurrences, maintiennent la faveur acquise à notre "pur noir" »[28]

 

La remarque de N. Greno à propos de la Belgique s'inscrit semble-t-il, dans la même logique que celle de H. Vasnier. Il présente ce marché – sur lequel la Maison réalise l'essentiel de ses affaires – comme étant celui qui mérite le plus l'attention. De fait, le succès qui connaît la marque lui confère une certaine "respectabilité" et plaide en faveur de la qualité de ses vins. Il convient cependant de se montrer prudent dans l'interprétation de ce discours, qui surestime le marché belge. Il est difficile de vérifier une telle assertion, mais les faits semblent en relativiser la teneur : la maison Pommery y rencontre en effet des difficultés à vendre sa qualité supérieure tout au long de cette seconde moitié du siècle. En tout cas, l’harmonie du discours entre H. Vasnier et N. Greno montre que, si la présence de la maison Pommery sur le marché belge n’est pas choisie – en ce sens qu’elle s’inscrit dans la continuité de la maison Wibert & Greno – elle n’en est pas moins assumée par la nouvelle maison.

 

Nous retrouvons principalement, dans ces extraits, les trois mêmes marchés – Belgique, Pays-Bas et Allemagne – ce qui démontre leur importance pour la Maison. En  revanche, les références au marché anglais, voire américain, doivent être relativisées. Sur le marché américain, un premier envoi a été fait le 3 septembre 1857 chez Mestayer & Pergeline, consignataires à New-York et les rapports avec ce marché cessent en 1860, après leur faillite. En Angleterre, où la Maison est représentée par Rowcliffe en 1857, elle ne fait vraisemblablement que très peu d’affaires. C’est non seulement le motif de la révocation de ce représentant, mais sans doute également de celle de Kniep & C°, ses successeurs[29]. N. Greno a vraisemblablement recruté ces derniers représentants en faisant croire à un certain succès de la marque sur le marché anglais. C’est du moins ce qu’ils semblent prétendre dans une lettre envoyée à la Maison, après que l'agence leur ait été retirée :

 

« […] M. Greno nous faisait alors croire que vous étiez déjà pas mal connu pour vos vins dans ce pays, et comme illustration, il nous indiquait que vous aviez alors un début d'à peu près 10.000 bouteilles par an en Angleterre […] Malheureusement, le résultat en prouve le contraire malgré nos efforts… »[30]

 

Il semble bien que le poids du marché anglais ait été exagéré par N. Greno. Ce chiffre n’est peut-être pas improbable, mais il a dû être exceptionnel. Le marché anglais est relativement insignifiant en terme d’expéditions à la fin des années 1850, d’autant qu’une grande partie des vins qui y sont expédiés est constituée de vin d’exportation – la marque Vauthier-le-Noir – la dernière des qualités offertes par la Maison[31].

 

2.2.         Une double évolution

 

La réorientation des échanges qui s'opère au cours de cette période s'inscrit, il convient de le préciser, dans un contexte de croissance des ventes de la maison Pommery, comme en témoigne ce graphique.

Figure 3 : Evolution des expéditions de la maison Pommery sur ses principaux marchés entre 1860 et 1872 [32]

 

Les chiffres que nous avons reconstitués, ou dont nous disposons, ne nous permettent pas de donner une estimation plus précise de la croissance des expéditions au cours de cette première période. Il est à noter que celles-ci apparaissent relativement limitées au regard de certaines maisons : la maison Moët par exemple expédie 241.339 équivalent-bouteilles en 1842[33]. Une maison beaucoup plus récente comme la maison Perrier-Jouët expédie elle 115.962 bouteilles en 1840, et 173.576 en 1847[34]. La maison Pommery ne dépasse elle les 100.000 bouteilles qu’au début des années 1860. La croissance de ses expéditions prend sa source dans une demande pour le champagne qui ne cesse de s'affirmer : sur la même période, les expéditions de vins de Champagne ont doublé[35]. Une double évolution apparaît derrière la croissance de la maison Pommery. 

 

2.2.1. La perte d’influence des "marchés traditionnels"

 

Par "marché traditionnel", nous entendons ici principalement les marchés belges et hollandais, dont nous avons mis en évidence l’importance vitale pour la maison Pommery. Le marché français intervient, mais dans une moindre mesure.

 

Cette perte d'influence se traduit par une chute de la part relative de la correspondance envoyée aux intermédiaires. Les marchés belges et hollandais concentrent à eux deux près de la moitié de cette correspondance en 1859/1860 (48,7%), mais à peine un quart en 1872/1873 (24,4%). Les expéditions de vins suivent la même évolution, chutant plus sensiblement encore : ces deux marchés ne représentent plus, en 1872/1873, que 15% des expéditions, contre plus des trois quarts en 1859/1860. Cela ne signifie pas pour autant un effacement de leur importance pour la maison Pommery. En valeur absolue, les expéditions sur ces marchés progressent de 30% entre 1859/1860 et 1872/1873. Mais à la lumière du graphique des expéditions de la Maison, dans un contexte de croissance des affaires, cette faible progression peut être interprétée comme un élément de crise. Au total, leur prédominance - et particulièrement celle du marché belge - est largement remise en cause au début des années 1870. La géographie épistolaire des principaux "pôles" établie pour les coupes de 1859/1860[36], 1864/1865 et de 1872/1873[37] met en évidence cette évolution. Le recul de certains pôles, qui ne jouent plus à notre sens, un rôle majeur vient la sanctionner. Surtout, en 1872/1873, Bruxelles n'est plus que la troisième destination pour la correspondance envoyée aux intermédiaires, loin derrière Berlin et Londres, alors même que ce pôle joue encore un rôle majeur au milieu des années 1860.

 

S'ils continuent de jouer un rôle non négligeable, tous les indicateurs mettent en évidence un repli de ces marchés "traditionnels" dans les affaires de la maison Pommery. Cette perte d'influence est une réalité vécue douloureusement, dès le début des années 1860, par la Maison. Le nombre de références qui y renvoient traduit l'acuité du problème[38]. N. Greno se voit d'ailleurs chargé à plusieurs reprises d'aller « réveiller la clientèle » sur ces marchés. D'autre part, nous le verrons par la suite, la maison Pommery ne ménage aucun moyen de relancer les affaires sur ces marchés[39].

 

La situation du marché français est un peu différente. Les ventes y ont reculé, malgré les ambitions de la maison Pommery. Le pôle de Paris s’efface considérablement : il représente 12,2% de l’ensemble de la correspondance envoyée aux intermédiaires en 1859/1860, et 5,5% en 1872/1873. Au début des années 1870, elle ne lui accorde plus cependant que peu d’intérêt à ce marché[40], comme la plupart des maisons de champagne à l’époque. Lors de la pénurie de vins en 1872, la Maison préfère d'ailleurs arrêter ses ventes sur ce marché pour pouvoir assurer ses expéditions sur des marchés considérés comme plus importants.

Figure 4 : Géographie épistolaire des principaux pôles de la maison Pommery, d'après la correspondance de 1864/1865
Figure 5 : Géographie épistolaire des principaux pôles de la maison Pommery, d'après la correspondance de 1872/1873
 

 

2.2.2. La montée en puissance de nouveaux marchés

 

Cette rétraction des échanges a pour pendant la montée en puissance de "nouveaux" marchés, dont le rôle s’avère déterminant pour le développement de la maison, à savoir l’Angleterre et l’Allemagne. L’Angleterre joue très tôt un rôle prédominant dans ses échanges, sous l’impulsion de A. Hubinet notamment. L'explosion des échanges avec le pôle de Londres est là pour en témoigner : de 40 lettres en 1859/1860 (Kniep & C°), on passe à 142 en 1864/1865, et à 255 lettres en 1872/1873 – soit une progression de 530% sur l'ensemble de cette période. Dès 1864/1865, le nombre de bouteilles vendues avoisine celui de la Belgique, mais surtout le chiffre de ventes y est bien supérieur – ce qui signifie deux choses : d’une part, les qualités supérieures occupent une part plus importante des ventes, et, d’autre part, A. Hubinet obtient de sa clientèle des prix plus élevés que ceux obtenus en Belgique. Ce n’est pas par hasard que, dans tous les comptes de commission que nous avons pu relever, ceux de A. Hubinet et des agents de Grande-Bretagne (Ecosse,…) sont les seuls à porter les traces d’une bonification touchée sur la différence entre le prix de vente et le prix fixé par la Maison. En 1872/1873, les ventes sur ce marché dépassent les 200.000 bouteilles - soit près de deux fois plus que le total de ses expéditions au début des années 1860 - et le chiffre d’affaires un million de francs[41]. Ces chiffres sont éloquents sur le poids que peut alors représenter ce marché. Il semble d’ailleurs avoir joué un rôle moteur dans la croissance de la maison Pommery. La similitude entre le profil de la courbe des expéditions totales et celui de la courbe des expéditions sur le marché anglais semble le mettre en évidence. Ces deux courbes connaissent la même inflexion à la fin des années 1860.

 

Avec la croissance des marchés anglais et allemand, l’aire d’influence commerciale de la maison Pommery au début des années 1870 est largement dissociée de son aire initiale d’extension des affaires. Si les marchés belge, hollandais et rhénans ont assuré ses débuts, ce sont essentiellement l’Angleterre, et l’Allemagne dans une moindre mesure, qui ont assuré son développement au cours de cette première période. Or le marché anglais est insignifiant à la fin des années 1850, de même que le pôle de Berlin, qui prend une importance décisive par la suite, aux dépens de Cologne. Nous avons du mal à mesurer le poids du marché allemand à la fin des années 1850, mais il apparaît que les échanges se font principalement avec les Etats rhénans. Dans une lettre adressée à leurs futurs commissionnaires de Berlin, Fetschow & Fils, H. Vasnier avoue que les affaires de la Maison « n’en sont qu’au tout début en Allemagne»[42]. Cet extrait est sans doute révélateur du potentiel qu’offre ce marché pour la maison Pommery. Les affaires ont eu beaucoup de mal à s’y développer. Au milieu des années 1860, la Maison ne cesse de se plaindre de la faiblesse des ventes, « des résultats tout à fait nuls »[43], à tel point que cela a, semble-t-il, menacé son avenir sur ce marché[44]. Ces difficultés sont sans doute accentuées par les difficultés économiques qui frappent l’Allemagne au début des années 1860. Malgré cette menace, la Maison ne tient vraisemblablement pas à stopper ses relations avec ce marché. En septembre 1866, Mme Pommery demande à N. Greno de la renseigner sur les affaires et la position de L. Mertens. Elle lui demande également d’entreprendre une tournée avec lui à travers l'Allemagne. Ce voyage a sans doute été favorable puisqu'il a permis de réhabiliter L. Mertens aux yeux de la Maison[45]. Par la suite, la marque y connaît un développement régulier[46]. La courbe des expéditions sur ce marché suit la même inflexion que celle du marché anglais, quoique beaucoup moins prononcée, à la fin des années 1860. En 1872/1873, il est devenu le marché le plus important après le marché anglais ; les ventes ont été multipliées par dix depuis 1859/1860 et s’élèvent à 64.143 bouteilles vendues. Dans le même temps, les relations avec ses intermédiaires se sont intensifiées. Le nombre de lettres échangées avec son agent est passé de 42 en 1859/1860 à 165 lettres en 1872/1873, soit quatre fois plus. La part dans le volume de la correspondance envoyées aux intermédiaires s’est élevée de 12% en 1859/1860 à 24% en 1872/1873. Précisons cependant que le marché allemand recouvre, depuis la seconde moitié des années 1860, le marché austro-hongrois sur lequel L. Mertens voyage. Ce marché commence réellement à émerger au début des années 1870. Emerge également le marché américain qui offre des potentialités intéressantes à la vue des premières expéditions. Le pôle de New-York apparaît alors même que la maison n’a recruté son agent qu’en 1872.

 

La croissance de ses deux principaux marchés - l’Angleterre et l’Allemagne - doit en partie à l'essor des ventes de champagne, favorisées par le contexte libre-échangiste des années 1860. Si ces marchés ont tous deux joué un grand rôle, ce contexte n'y est sans doute pas étranger. L’Angleterre participe largement à cette évolution, les échanges avec ce pays ayant été considérablement développés à la faveur du traité franco-anglais de 1861. Celui-ci a permis de baisser des droits encore élevés sur les produits de luxe, ce dont le négoce des vins a particulièrement profité. Les exportations de vins de Champagne ont été multipliées par huit (+ 733%) sur ce marché en l’espace d’un demi-siècle, passant de 470.000 bouteilles en 1832 à 4.000.000 en 1880. Nous n'avons cependant trouvé aucune référence concernant les conséquences de ce traité dans la correspondance de la Maison. En revanche, elle a manifestement compté sur le traité avec la Prusse au début des années 1860 pour y « donner une grande impulsion à la vente de champagne»[47]. Elle accepte, dans cette perspective, ainsi les offres de services de deux nouveaux représentants en Allemagne au milieu des années 1860.

 

Si la "réorientation" de ses échanges s’inscrit dans un contexte favorable - dont témoigne la croissance du négoce lui-même - il n’en reste pas moins que la maison Pommery a parfaitement su en profiter. Au terme de cette première période, son "aire d’influence commerciale" s’est largement dissocié de l’aire initiale, héritée de la maison Wibert & N. Greno. En cela, elle a suivi la même évolution que la politique de la maison Pommery, dont nous avons vu qu’elle se démarque de sa devancière.

 



[1] Cf. chapitre 3 : Les moyens de cette politique

[2] Ces chiffres nous ont servi de base pour élaborer le tableau des expéditions de la Maison entre 1881 et 1909. (cf. Annexe 24)

[3] Ces pièces sont demandées par H. Vasnier aux différents représentants et commissionnaires à la fin de chaque semestre pour les comparer avec les relevés tenus par la maison Pommery. Cette opération permet ainsi éclaircir les différends qui pourraient se présenter. Cette rigueur dans la gestion porte la marque de H. Vasnier. Elle tranche vraisemblablement avec les pratiques de la maison Wibert & Greno, comme semblent l’attester les difficultés éprouvées par la nouvelle maison à établir sa liquidation.

[4] Il est en effet l'auteur d'un document dactylographié intitulé Notes relevées en feuilletant les inventaires de 1850 à 1900.

[5] H.M.P., p. 2 - D’autres chiffres aparaissent dans cette étude : 104.864 bouteilles vendues entre le 1er juillet 1861 et le 30 juin 1862 (p.22) et 145.000 bouteilles pour l’exercice 1866/1867 (p.40)

[6] Les tableaux des chiffres de ventes des différentes coupes sont présentés en annexe (cf. Annexes 7, 9, 12, 15 et 17). Les coupes concernent les années 1859/1860 - 1864/1865 - 1872/1873 et 1879/1880. Nous n'avons pas reconstitué ce chiffre pour l'année 1893/1894, étant donné qu'il est disponible dans le registre des expéditions. En outre, les comptes de provision n'apparaissent plus dans la correspondance envoyée à cette date.

[7] Les remarques que nous trouvons dans la correspondance, les différentes villes où la correspondance leur est envoyée, apportent des éléments complémentaires pour cerner les "champs d’action" des agents et représentants.

[8]  Cf. chapitre 2 : Les représentants

[9] La maison Pommery traite ainsi directement avec Delvaux de Bruxelles, comme nous l'indique la correspondance des années 1859/1860 et 1864/1865. Celui-ci demande des conditions particulières pour ses ventes, tout comme le ferait un représentant. Il touche également une commission de 10 ou 15%. Nous avons retrouvé une lettre où la Maison lui reproche d'avoir remis ses ordres par l'intermédiaire de G. Van Loo ; H. Vasnier parle à cet égard d'« anomalie » car cela contraint la Maison à verser une commission à ces deux intermédiaire (lettre adressée à Delvaux datée du 23 juillet 1859 – 23, 310).

[10] Cf. Annexe 2

[11] C’est particulièrement vrai des chiffres de 1859/1860 et 1864/1865, du fait des lacunes constatées, alors que ceux de 1872/1873 et 1879/1880, quand l'organisation commerciale de la maison Pommery est plus rigide, sont sans doute plus fiables.

[12] Sur ces lettres se trouvent le nom du représentant qui a pris la commande, le nom du commissionnaire par qui les vins ont été livrés, le montant et l’échéance de la facture, ainsi qu’un mot – stéréotypé – de la Maison. Elles occupent une part conséquente du volume total de correspondance envoyée en 1859/1860. (cf Annexe 5)

[13] Cf. chapitre 2 : Les "représentants"

[14] Cf Annexe 17

[15] Quelques exemples, entre autres : « Nous avons bien reçu vos estimées [lettres] du….», « Vos honorées [lettres] du … sont en notre possession. »

[16] C’est le cas des commissionnaires de Reims (Luzzani par exemple), qui expédient aussi bien en Belgique qu’au Luxembourg ou en Allemagne. De même, les commissionnaires de la Manche expédient en Grande-Bretagne, mais aussi aux Etats-Unis ou dans les Etats de la mer Baltique.

[17] Cf. Annexe 21: ces chiffres nous ont servi à élaborer les "géographies épistolaires des principaux pôles" de la maison  Pommery ; nous avons choisi de ne représenter que les pôles avoisinant ou dépassant 40 lettres.

[18] Tous les pourcentages cités sont présentés en annexe dans les relevés de correspondance générale.

[19] Lettre adressée à G. Van Loo datée du 13 janvier 1865 (47, 132) : « […] Tous nos concurrents anciens et les maisons nouvelles cherchent sans cesse à s’introduire et s’implanter en Belgique, il importe à vous comme à nous qu’on ne nous mette pas dehors et que nous soyons toujours dans les premiers ... »

[20] H.M.P., p.2

[21] Notes sur l'organisation commerciale de la maison Wibert & Greno, p.19 : « […] il engage une équipe de commis-voyageurs : les Lafont, les Delongpré, les Callaud, les Quénardel, etc… qui parcourent le nord de la France, fouilleront jusqu'aux petites communes de l'Aisne. - Voir également lettre adressée à N. Greno datée de mai 1859 (22, 95) : H. Vasnier y fait référence à la notoriété de la marque en Picardie.  

[22] Devroey J.P.,  op. cit., p.25

[23] C'est le cas de représentants comme Bonnier à Anvers, Baude à Bruxelles ou Sergeant jeune dans le Nord de la France, Marguier à Bercy, de Villelongue dans le pourtour parisien. Des notes relevées dans la correspondance de l'ancienne maison nous apprennent que Bonnier la représente déjà à Anvers à la fin des années 1840. Rowcliffe a, quant à lui, vraisemblablement été recruté en 1853. Des commissionnaires-entrepositaires comme Detige ou Lenersan sont également en contact avec l'ancienne maison au début des années 1850 (cf. Notes sur l'organisation commerciale de la maison Wibert & Greno)

[24] A de Polignac reproduit dans on ouvrage une lettre-circulaire, envoyée vraisemblablement à tous les clients pour les prévenir du changement de raison sociale et les assurer de cette continuité. Le maintien de O. Damas comme chef de cave vient le garantir.

[25] H.M.P., p 5 : il est convenu que H. Vasnier se présente comme étant le « neveu de M. Greno» lors de sa tournée en Belgique et qu’il donne l’assurance aux amis de « son oncle » qu’il n’a pas renoncé à visiter leur pays.  -  Voir également lettre adressée à G. Van Loo datée de 1858 – citée par H.M.P., op. cit., p 9 : « Il serait bon que vous annonciez l’arrivée prochaine de notre Sieur Greno, afin d’empêcher la clientèle de croire que décidément il ne voyage plus… »

[26] Lettre adressée à Pomès datée d'octobre 1859 (25, 201)

[27] Lettre adressée à Cristin datée du 23 juillet 1859 (23, 316) : « […] nos vins, bien notés à Paris, en Hollande, en Allemagne, et surtout en Belgique, ont été goûtés et appréciés dans votre pays.» - lettre adressée à Fetschow & Fils datée du 27 janvier 1860 (27, 334) : « […] Nos affaires, importantes en Belgique, Hollande, Angleterre et France, en sont au tout début pour l'Allemagne… »

[28] H.M.P., p 5 - lettre de Greno adressée à Vuillemot datée du 29 décembre 1857

[29] La correspondance qui leur est envoyée ne cesse de révéler leur manque de résultats  -  Voir lettres datées du 17 juin 1859 (22, 420), de août (22, 491), du 28 novembre 1859 (26, 77), du 21 janvier 1860 (27, 235), du 27 février 1860 (28, 209) et du 29 mars 1860 (29, 34)

[30] C.C.H., p.8 (lettre du 12 mars 1861)

[31] Un des seuls envois dont nous avons la trace dans la correspondance comporte 600 bouteilles de Vauthier-le-Noir et 240 demi-bouteilles (lettre adressée à Kniep datée du 28 novembre 1859 – 26, 77) et un autre 1 800 bouteilles de cette même marque lettre adressée à Kniep datée du 29 mars 1860 – 29, 34). La Maison  se plaint également de ce que son représentant n'a pas encore réussi à vendre de vins fins. (lettre adressée à Kniep datée du 29 mars 1860 – 29, 34) 

[32] Les chiffres des expéditions ont été reconstitués d’après les comptes de provision (cf. Annexes 7, 9, 12, 15 et 17). Pour des commodités dans l’échelle de ce graphique, nous avons dénommé ces coupes par une seule année. 

[33] Nolleau G., La maison Moët, un siècle d’existence (1743-1843), p.13

[34] Devroey J.P., op. cit., p.63

[35] Cf. Annexe 2 - Voir également lettres adressées à Bonnier datée du 1er octobre 1872 (84, 293 : « […] C’est précisément cette pénurie qui, en présence de l’énorme extension que le commerce et le goût du champagne ont pris depuis 10 ans, est la cause d’une élévation de nos prix.») et à à L. Mertens datée du 1er octobre 1872 (84, 296 : «[…] la consommation ayant doublé en 12 ans et ayant été portée de 9 millions à 18 millions au 30 juin 1872…»)

[36] Cf. infra

[37] Voir ci-dessous pour ces deux coupes. Elles ont été établies à partir de l’Annexe 21.

[38] H.M.P., p.19 (lettre de Greno adressée à Mme Pommery datée du 6 mai 1862 : « […] Vous dites que les propriétaires vous délaissent, en effet 25 ou 30 vieux clients des meilleurs sont morts, le triple a déserté ! N'en faisant guère de nouveaux, il est clair que cela sent le vide. ») - Lettres adressées à Auzon frères datée du 19 juillet 1864 (45, 495 : « […] nos affaires dans ce pays paraissent diminuer tous les jours […] que vous engager à redoubler d’activité et de démarches pour des résultats plus satisfaisants. »), du 14 septembre 1864 (46, 75 : « […] Si vous avez trop d’occupations, il faut nous le dire car nous ne pouvons ainsi laisser péricliter nos affaires. »)

[39] Cf. chapitre V : La place des marchés traditionnels

[40] Lettre adressée à Sergeant jeune datée du 9 mars 1972 (81, 101) :« […] les affaires de champagne sur le marché français sont trop insignifiantes pour y attacher la moindre importance et le jour où vous trouverez trop difficile d’y offrir notre vin, nous nous abstiendrons totalement d’en vendre. »

[41] cf. Annexe 12

[42] Lettre adressée à Fetschow & Fils datée du 27 janvier 1860 (27, 334) : « […] Nos affaires, importantes en Belgique, Hollande, Angleterre et France, en sont au tout début pour l'Allemagne… »

[43] Lettre adressée à L. Mertens datée du 20 décembre 1864 (46, 484)

[44] Lettre adressée à L. Mertens datée du 9 février 1865 (47, 283) : « […] nous sommes loin de couvrir nos frais dans votre pays, c'est vraiment désolant de dépenser autant d'argent en pure perte, aussi nous ne pousserons pas l'essai plus loin. »

[45] La Maison lui annonce en août 1867 une revalorisation de ses conditions de représentation (H.M.P., p.38 - lettre du 22 août 1867)

[46] Lettres adressées à L. Mertens datés de janvier 1873 (boîte n°191, 280 et 294)

[47] Lettre adressée à Schmölder datée du 13 mai 1865 (48, 180)

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