TEMOIGNAGE DE M. PICARD
Quand avez-vous travaillé à la faïencerie ?
J’ai travaillé de 1951 au 31 mars 1986, date à laquelle j’ai pris ma retraite. J’ai passé 35 ans à la faïencerie.
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Dans quel atelier travailliez-vous ? J’ai commencé dans l’atelier Grès Sanitaires et j’en ai fini responsable. Nous étions 72 : 58 hommes et 14 femmes. Nous commencions à 5 heures et nous finissions à 13 heures avec une pause d’une demi-heure pour manger. Utilisiez-vous des machines ? Au début, il n’y avait pas de machines. Tout se faisait à la main. Puis des machines sont apparues. Elles servaient à porter les pièces lourdes. Il n’y avait pas de robot. |
Combien d’heures travailliez-vous par jour ?
La durée du travail était de 8 heures par jour, ce qui faisait 40 heures par semaine. Mais il nous arrivait souvent de travailler 48 et même 52 heures par semaine.
Est-ce-que c’était dur ?
Ce métier était dur. On travaillait dans la chaleur et l’humidité. C’était très pénible. Il fallait porter les pièces qui pesaient de 40 à 80 kg sans engin de manutention. La barbotine était transportée dans des wagonnets poussés à la main, on la prenait avec des seaux pour la verser dans les moules. Il y avait des gens qui se blessaient.
Est-ce-qu’il y avait des accidents ?
Oui. Certains se blessaient en poussant les wagonnets ou se brûlaient avec le four quand il y avait une verse. Une verse, c’est quand un wagon se renversait dans le four.
Combien y avait-il d’employés dans l’usine ?
En 1986, l’usine comptait 400 ouvriers, beaucoup plus que quand je suis arrivé en 1951.
Quels étaient les différents ateliers ?
En 1951, l’usine fabriquait des carreaux de faïence et des objets en grès. À partir de 1986, nous avons commencé à faire de la porcelaine (lavabos, cuvettes de W.C…)
Pourquoi avez-vous fait ce métier ?
J’ai d’abord été gendarme, mais pour ne pas partir en Indochine en 1951, j’ai démissionné. À l’époque, c’était facile de trouver du travail. Je suis donc entré à la faïencerie.
Le regrettez-vous ?
Non ! Entré comme ouvrier en 1951 ? Je suis très vite devenu responsable, puis cadre de cette entreprise.
Comment faisait-on cuire les objets fabriqués ?
Les objets étaient cuits dans un four à 128O°C . La cuisson durait 30 heures et le four ne s’arrêtait jamais.
L’usine fabriquait son gaz avec un gazogène. On brûlait du charbon et on obtenait du goudron et du gaz combustible. C’est ce gaz qui alimentait les fours. C’était un procédé archaïque, sale et polluant, sentant très fort.
Le charbon arrivait par péniches et on alimentait le gazogène en charbon à la pelle. C’était très pénible.
Le gazogène a explosé dans les années 60. Depuis ce temps, les fours sont alimentés au gaz de ville et les grandes cheminées ont disparu.
Est-ce-que ce métier vous plaisait ?
Bien sûr, sinon j’en aurais changé depuis longtemps. On ne peut pas rester toute sa vie à faire un métier qui ne plaît pas.
Objectifs
Prendre conscience du rôle de l'ouvrier entre 1900 et nos jours
Voir les différentes tâches nécessaires en 1900 et de nos jours
Quelle a été l'évolution de l'usine de 1900 à nos jours : fabrication, techniques...
Démarche utilisée
À partir du cahier de revendications de la grève de 1926, chercher à quoi correspond chaque métier : en faire l'inventaire, chercher son but, existe-t-il toujours
Etudier l'évolution du travail :
qu'est-ce qui se faisait manuellement en 1900 et qui se fait toujours manuellement
qu'est-ce qui se faisait manuellement en 1900 et qui se fait mécaniquement de nos jours
quelles ont été les différentes étapes
comparer les postes de travail entre 1926 et 1938
Qu'est-ce qui a changé dans la production et pourquoi
Interview d’un ancien ouvrier de Sarreguemines des années 60 à 80.
Compare les méthodes de travail.
Qu’est-ce-qui a changé :
Dans les méthodes de travail
Dans la fabrication
Dans l’organisation de l’entreprise
Dans l’outillage
La durée du travail a-t-elle changé ?
L’ouvrier est-il toujours lié au patron ou à l’entreprise ?