Extrait de « Voyage en France », 25 ème série - 1901

 

Comme dans le reste de la France, la création d’établissements pour la fabrication mécanique des tuiles est due à l’invention de Xavier Gilardoni, tuilier à Altkirch, dans le Haut-Rhin. Dans son livre sur la Céramique du bâtiment, M. Lefèvre nous apprend que cette découverte « qui allait révolutionner la fabrication de la tuile et la porter à ce haut degré de perfectionnement où nous la voyons aujourd’hui », eut lieu en 1841. Cette découverte de la tuile à emboîtement faite à la machine est bien française ; elle a rendu célèbre le nom de Gilardoni dans le monde des architectes. Xavier Gilardoni, connu dans le monde des tuiliers sous le nom de Père de la tuile, fut décoré de la Légion d’honneur en 1884, après avoir noblement refusé la Croix de fer que lui offrait le maréchal de Manteuffel au nom de l’empereur Guillaume.

L’usine primitive est, hélas ! devenue allemande avec le reste de l’Alsace, mais les frères Gilardoni ont transporté en Champagne une partie de leurs établissements. Ils ont créé dans le département de la Marne, à Pargny-sur-Saulx, une grande usine occupant 150 à 200 ouvriers ; cette fabrique, placée sur le canal de la Marne au Rhin, a maintenu à la France une des familles industrielles dont notre pays peut le plus justement s’enorgueillir. A côté d’elle, des établissements semblables se sont créés ; ils font de Pargny un centre important.

L’invention de la tuile à emboîtement n’a pas seulement fait naître la fabrication mécanique, elle a encore suscité des méthodes perfectionnées de cuisson ; ainsi l’on est arrivé à l’idée aujourd’hui généralisée du four à feu continu. A peine le principe était-il appliqué, que l’on vit naître partout des usines, montées sous la direction de Gilardoni.