Dans les ultimes étages de l'un des bâtiments, où dans la solitude mécanique, le grain est acheminé vers les cellules de stockage, règne le jeu de la lumière et de la poussière.

On pense à des combles, aux poutres des dépendances de quelques manoirs. Le photographe semble émerger de l'obscurité pour s'engager sur cette passerelle qui mène, ici encore, on ne saurait imaginer où.

(cliché : Grégoire Voevodsky)

Les silos,
un patrimoine à inventer

Édition de Gracia Dorel-Ferré

Collection Patrimoines
Laboratoire Langages, Littératures, Sociétés
Université de Savoie
N° 4

Les silos sont un patrimoine étrange: marquant le paysage dans lequel ils s'inscrivent comme autant de doigts levés vers le ciel, que ce soit dans nos vastes campagnes ouvertes ou sur les berges des ports, ils sont chargés d’une histoire récente mais visuellement forte, que traduisent les choix architecturaux et les étapes de construction. Pourtant, ils témoignent d’une histoire récente et d’une trajectoire courte, ils n’ont pas encore mobilisé comme on pourrait s’y attendre les historiens, les géographes, les économistes. Par contre, la société civile a bien été obligée de s’impliquer dans leur conservation ou leur démolition, et les débats ainsi générés ont petit à petit fait comprendre qu’on avait là un patrimoine certes encombrant, mais qu’on ne pouvait pas ignorer. Surtout, et ce n’est pas le moindre charme de la rencontre dont voici les actes, les artistes et plasticiens se sont laissés prendre par ces formes à la fois placides et imposantes, qu’ils ont cherché à apprivoiser.
L’ouvrage, qui reprend l’essentiel des communications d’un colloque exceptionnel qui s’est tenu à Nogent sur Seine (Aube) en octobre?2011, aborde la création des silos, leur diffusion et leur typologie à travers le monde. Il s’interroge sur leur devenir.

 

Sommaire

Préface : les silos, un patrimoine paradoxal
Gracia DOREL-FERRÉ

Introduction
Nicolas LORIETTE

 

I. Stocker et conserver: une nécessité universelle
Introduction
Nicolas LORIETTE

La fonction « silo » des châteaux médiévaux espagnols.
Le cas de « Castro el Viejo » (province de Cordoue, Espagne)
Juan VARELA

Les ksour: un patrimoine en déshérence du Sud tunisien
Hajer MENAJA, Houda LICHIHEB, Mounir DHOUIB,

Stocker le grain à Nogent-sur-Seine : des greniers à blé aux silos de la mondialisation
Christel WERNY

Jean Pierre POTIER
Plasticien

 

II.  À la conquête du monde: du grain elevator au siloàgrain
Introduction
Nicolas LORIETTE

Transfert technologique et évolution des techniques :
une comparaison entre des silos en Allemagne et au Mexique
Mariano TORRES

Silos d’Argentine: des signaux à l'horizon de la Pampa
Adriana Ma. COLLADO

Les silos d'Ekaterinbourg, entre indifférence et spéculation
Elena KROPANEVA

Silos de l’Aube
Jean-Louis HUMBERT

Un réseau national de silos et greniers en Espagne
Carlos MATEO, David SALAMANCA, Antonio ALARCON

Alain PRAS
Photographe

 

III Un patrimoine à inventer
Introduction
Nicolas LORIETTE

Les silos de Soissons, de la contestation à la destruction
Françoise PICOT, Martine COMBRES

Conversations autour des silos avec une architecte paysanne
Amandine CHAINÉ

Le silo n°5 de Montréal: de l'imaginaire à l'imaginé
Karl DORAIS KINKAID

Stratégies d'intervention sur les silos
Carlos MATE° CABALLOS

Index

Table des illustrations

 

PREFACE :

LES SILOS, UN PATRIMOINE PARADOXAL

GRACIA DOREL-FERRE
PRÉSIDENTE DE L'ASSOCIATION POUR LE PATRIMOINE INDUSTRIEL DE CHAMPAGNE-ARDENNE

Dès sa fondation, en 1997, l'Association pour le patrimoine industriel de Champagne-Ardenne (l'APIC) s'est intéressé au patrimoine de l'agroalimentaire, faisant même de ce sujet l'objet de son premier colloque (1998). Dans les actes qui en sont issus et qui constituent le Cahier de l'APIC n° 1, Christel Werny présentait les moulins de Nogent sur Seine, dont l'architecture imposante justifiait toutes les hyperboles : un palais, une cathédrale, que sais-je encore. Mais fuyant les stéréotypes, elle nous apprenait qu'avant tout, cette architecture audacieuse du début du XXe siècle proclamait haut et fort son engagement dans la modernité par la technique. Les moulins de Nogent ne sont plus un outil de travail, mais ils rappellent une histoire faite d'audace, de succès et de croissance, dont l'APIC a rendu compte à plusieurs reprises.
C'est donc tout naturellement que le président de l'association internationale de patrimoine industriel nous a confié le secrétariat d'une section thématique sur l'agroalimentaire. Un premier colloque s'est tenu à Reims en 2007, réunissant des représentants de plusieurs continents, et a étérécemment publié. Les moulins de Nogent y figuraient une nouvelle fois en bonne place. En 2009, les deuxièmes rencontres de la section agroalimentaire se sont tenues en Amérique latine, plus précisément à Córdoba, Argentine, organisées par Laura Amarilla, alors présidente de TICCIH Argentine. Nous étions, en 2011 de retour en Champagne-Ardenne, pour une rencontre plus ciblée, sur les silos, cette fois-ci. Selon notre habitude, nous avons débordé le cadre national pour aller chercher, chez les autres, des points de comparaison ou des différences. Au total, l'ensemble des communications a fourni une typologie et a ouvert beaucoup de pistes.
Cette rencontre n'a pas été simple à mettre en place. Les silos, tout le monde en parle, et peu de gens les étudient. Parce qu'ils témoignent d'une histoire récente et d'une trajectoire courte, ils n'ont pas encore mobilisé comme on pourrait s'y attendre les historiens, les géographes, les économistes. Par contre, la société civile a bien été obligée de s'impliquer dans leur conservation ou leur démolition, et les débats ainsi générés ont petit à petit fait comprendre qu'on avait là un patrimoine certes encombrant, mais qu'on ne pouvait pas ignorer
Les silos sont un patrimoine étrange : marquant le paysage dans lequel ils s'inscrivent comme autant de doigts levés vers le ciel, que ce soit dans nos vastes campagnes ouvertes, sur les berges des ports, ils sont chargés d'une histoire récente mais visuellement forte, que traduisent les choix architecturaux et les étapes de construction. Or, s'intéresser aux silos relève au moins de trois grandes rubriques, qui sont autant de directions de recherches.
En premier lieu l'historicité du sujet. Si nous sommes bien tous d'accord pour dire que le stockage des céréales est une pratique ancienne et, malgré des interruptions sur lesquelles on s'interroge, inscrite dans la longue durée, la pratique du silo en élévation est récente, et son développement s'est effectué sur une courte période, essentiellement au XXe siècle. Aussi peut-on à bon droit interroger ces imposantes constructions, encore peu présentes en France avant les années 1930, dont le nombre est multiplié et les exemplaires se répandent, en France, avec la création de l'Office national interprofessionnel du Blé par le Front populaire, dans un contexte politique bien particulier. Ni le régime de Vichy, ni la Quatrième République ne remettent en cause l'Office qui traverse les politiques et les événements sans paraître s'y attacher. La croissance spectaculaire de la production des céréales dans le contexte d'une Europe en formation se traduit par le gigantisme des silos et leur diversification : silos de collecte, silos portuaires. De nombreux exemples le soulignent ici. Aujourd'hui, remis en cause par d'autres techniques de stockage, de nombreux silos ont été abandonnés et la question de leur devenir est posée. Aux solutions et stratégies de mise en valeur dont nous parle Carlos Mateo Caballos, en fin de volume, il faut ajouter deux exemples qui nous tiennent à cœur : d'abord, les silos de Chaumont, en Haute-Marne, devenus bibliothèque et musée de l'Affiche. Appartenant à une ancienne coopérative, désaffectés, ils s'élevaient à proximité de la gare. Souhaitant réaliser une opération de requalification de ce quartier, la Ville décide la récupération et la mise en valeur de ce site. Les travaux, commencés en 1990 s'achèvent en 1994. C'est aujourd'hui un lieu de culture, qui a conservé, de son usage initial, les grandes trémies. L'intérieur a étérecomposé; cependant, l'extérieur garde l'apparence la plus étroite avec ce que les silos furent autrefois. L'autre exemple est celui des silos d'Arenc, à Marseille. Menacés de disparition, ils sont aujourd'hui une salle de spectacle. Ils ont conservé, eux aussi, leur magnifique enveloppe extérieure qui date de 1924.
Une deuxième direction de recherche est donnée par la grande technicité de l'outil, sa parfaite fonctionnalité, dont les progrès sont autant d'indicateurs des urgences à satisfaire : entreposer toujours plus, dans les conditions optimales de conservation. On sait que ces qualités et ces contraintes, tout comme les réponses qui ont été apportées ont séduit les artistes autant que les pragmatiques.
Ces défis, et ce serait mon troisième point, ont été relevés le plus souvent non par des ingénieurs mais par des architectes, qui se sont fait une spécialité des constructions de type industriel. En France, leurs commanditaires étaient l'État, à travers le Génie rural mais ce sont surtout les associations (coopératives, mutuelles ou encore syndicats paysans) qui ont pesé sur les choix architecturaux et leur symbolique. Bref, les logiques techniques, sociales et spatiales ont bien joué leur rôle pour produire une typologie d'une variété impressionnante, que ce colloque a tenté de mettre en évidence.
Pas de typologie sans comparaison. Nous avions fidèlement respecté cette démarche, lors de la rencontre de 2007, déjà mentionnée. Plusieurs contributions sur le patrimoine des silos en avaient montré la richesse. Je voudrais en citer trois : celle de David Worth, sur les silos à grain du Cap ; celle de Mark Watson sur les silos sucriers de part et d'autre de l'Atlantique, et celle de Nicolas Loriette, sur les silos de la Beauce. J'ai été convaincue qu'il fallait reprendre la question, d'une façon plus ciblée, et c'est la raison qui nous a rassemblés à Nogent-sur-Seine. Xavier de Massary a dressé un constat de l'existant à l'échelle nationale jusqu'aux vestiges les plus fragiles comme les silos de châtaignes en Corse. Une équipe auboise dynamique et talentueuse nous a reçus autour de Christel Werny : Jean-Louis Humbert, de l'APIC, Jean-Pascal Lemeunier, ABF, Alain Barayon et Thierry Berger pour l'entreprise Soufflet, complétée, pour ce qui est de la France, de Bernard André, du CILAC, Françoise Picot, de l'APIC, Stéphan Fichtl, de IEHCA de Tours sans compter Amandine Chainé, "architecte paysanne".
Suivant notre habitude, on trouvera à côté des interventions relevant de cas locaux (le local étant ici étendu au national) des interventions venues des continents européen, africain et américain. Rien sur l'Asie, hélas, qui devrait pourtant beaucoup nous apprendre, mais qui s'éveille tout doucement au patrimoine industriel. Sont venus jusqu'à nous Karl Dorais Kinkaid, du Québec, Mariano Torres, du Mexique, André Argollo, du Brésil, Adriana Collado, d'Argentine; Hajer Menaja de Tunis, David Worth du Cap ; Juan Varela et Carlos Mateo Caballos d'Andalousie; Elena Kropaneva que les tracasseries administratives n'ont pas permis de libérer à temps de son Oural lointain, mais qui nous a envoyé sa contribution...
Enfin, dernier apport et non des moindres, les silos, qui ne sont pas populaires, ont pourtant inspiré les artistes et ils ont étéplusieurs à répondre à notre appel. Ils se sont laissé prendre par ces formes à la fois placides et imposantes, qu'ils ont cherché à apprivoiser. Ils apportent une note nouvelle et rafraîchissante, une perspective qui va au-delà des sempiternelles questions de réutilisation et de reconversions, jamais totalement satisfaisantes, comme nous le montre l'étude très complète de Carlos Mateo Caballos, en fin d'ouvrage. Nous avons accueilli Grégoire Voevodsky, artiste photographe, Jean-Pierre Potier, plasticien, et un autre photographe, Alain Pras, qui puise dans la réalité du quotidien la poésie et la couleur de son inspiration. Il nous a offert un vrai festival des silos de par le monde.
Mais pour faire, il ne suffit pas d'avoir des idées. Il faut aussi la rencontre avec un territoire et des gens. L'APIC a trouvé à Nogent-sur-Seine, non seulement la complicité de Christel Werny, apicienne de longue date, mais aussi une municipalité accueillante, une équipe efficace, enfin, tout ce qu'il faut pour que le bon grain lève et produise de beaux fruits. C'est encore Christel Werny qui soulignait, en guise de conclusion, tout ce qui reste encore à faire : « l'étude des machines, et surtout, l'étude des hommes : nous manquons d'itinéraires individuels, d'aventures entrepreneuriales qui nous sont familières pour le XIXe siècle, mais qui sont nombreuses et peu connues pour le XXe siècle. Les silos ont été aussi des enjeux de pouvoir entre coopératives, entre associations. Ils ont été une rencontre de forces humaines en action. Des hommes, mais aussi des femmes, sont derrière ces silos si difficiles à appréhender aujourd'hui ».

 

INTRODUCTION :

NICOLAS LORIETTE
DOCTEUR EN HISTOIRE DES ARTS - PATRIMOINE INDUSTRIEL, SPÉCIALISTE DE L'HISTOIRE DES ÉDIFICES DE STOCKAGE DES CÉRÉALES EN FRANCE AU XXe SIÈCLE

Les silos, par leurs silhouettes grandioses, marquent profondément le territoire rural, urbain OU portuaire. Dans les paysages de champs ouverts d'Europe occidentale, ils constituent des monuments-signaux car leur hauteur et le nombre de leurs alvéoles les rendent plus visibles que les églises, nos repères habituels. Pourtant, les silos (à grain, et plus largement les édifices de stockage) connaissent une certaine désaffection, de la part des chercheurs comme de la société civile. Voilà résumé un état de la question que déplorait déjà le Préambule du colloque sur les silos à grain organisé en France par le CILAC à Chartres en novembre 1995.
Depuis cette date, des études ponctuelles se sont multipliées, parfois à l'échelle d'une ville, d'une région ou d'un pays, qui, sans aboutir à une synthèse générale susceptible de rendre une image précise, ont mis l'accent sur les dimensions techniques et économiques : évolution des techniques de stockage appliquées au grain mais aussi à d'autres produits, diffusion des connaissances techniques et échanges de technologies, impact des stratégies politiques et alimentaires des gouvernements d'Europe ou d'ailleurs...
Malgré de grandes disparités entre les pays, l'émergence d'un sentiment patrimonial a abouti, ici et là, à une prise d'initiatives vers la préservation, la réhabilitation et la réaffectation de ces édifices. La spectaculaire réhabilitation du silo d'Arenc, à Marseille, en France, en est un exemple. La diversité et la richesse des approches plastiques participent à l'enrichissement de cette icône de l'architecture contemporaine saluée par Gropius puis par Le Corbusier, au point qu'il est tentant d'évoquer une tradition ou un attachement des artistes à ce thème. Si, aujourd'hui, le silo n'a plus la même portée symbolique, il continue de captiver peintres, photographes, plasticiens, graphistes, cinéastes, architectes... Leur vision apparaît souvent en contradiction avec le regard plus hostile voire ignorant de nos contemporains. Qu'ils soient ou non proches voisins d'un silo, citadins ou ruraux considèrent cet édifice familier au pire comme source de nuisance, au mieux comme une plaie dans le paysage. En 2011, le TICCIH a souhaité dresser un bilan d'étape, lors d'un colloque où la dimension internationale, qui est sa vocation, donnerait de nouvelles perspectives. Le débat s'est articulé autour des axes suivants :

Conserver et stocker les aliments: histoire technique des modes de conservation, progrès et innovations, pratiques et formes.
Cette thématique devait se limiter à l'étude du stockage des aliments « secs » que sont le grain, le sucre ou le café, sans restrictions géographiques. Les formes de stockage anciennes et archaïques pouvaient être évoquées ; de même, les phénomènes de perpétuation des pratiques et leurs impacts sur les formes de stockage actuelles pouvaient être détaillés. Mais on privilégiait la chronologie la plus récente, celle des siècles de l'industrie. En effet, à l'époque contemporaine, l'organisation des marchés et les énormes besoins alimentaires des sociétés industrielles poussent à l'introduction de nouvelles formes dont l'ampleur et la diffusion des modèles attestent de la vigueur.

Techniques constructives et stratégies économiques; matériaux, constructeurs et nécessités fonctionnelles, politiques publiques et grand commerce.
Techniques, brevets, normes, entreprises, concurrence... Cet axe s'intéressait plus particulièrement aux aspects techniques et mercantiles de la construction des édifices de stockage, à leurs mutations dans le temps en fonction de l'évolution des contextes économiques, techniques et sociaux. On pouvait également y aborder l'impact de la collectivité/de l'État et/ou du commanditaire sur ses choix, mais aussi l'impact des silos sur le développement urbain ou portuaire. Ce dernier point est indissociable des grandes stratégies politiques et économiques, et de leur impact sur la création des réseaux de collecte/stockage (ou zones de production).

Esthétique, style et image: l'approche esthétique des architectes et des artistes.
Le silo, par ses fonctions et sa monumentalité, induit une réflexion architecturale spécifique. Ti s'agissait ici d'analyser l'approche plastique des architectes, leur manière d'aborder le programme architectural et de s'en emparer. La richesse des solutions apportées aux contraintes techniques et formelles et la récupération doctrinale du silo par les théoriciens devaient être éclairées, et replacées dans les grands courants architecturaux. Les silos constituent aussi une source d'inspiration pour les artistes peintres, plasticiens, auteurs de bandes dessinées, romanciers, cinéastes... Les silos ont une dimension culturelle qui se traduit par leur appropriation dans le champ des Arts ; leur place pouvait être analysée dans une dimension historique ou symbolique, au travers de l'œuvre d'un artiste ou d'un courant artistique...

Risque industriel, perception et patrimoine: de l'acte fondateur à la protection, la réaffectation et la conservation des silos historiques
Depuis l'explosion du silo de Blaye, en 1997, les silos sont des installations industrielles classées risques. Comment cette catastrophe a-t-elle modifié, ou non, la perception du silo comme source de « nuisances », avant et après cette catastrophe ? En quoi la perception du risque a-t-elle un impact sur l'édifice au moment de sa création ? La gestion des risques était importante à évoquer, avec les procédures ad hoc du type enquêtes d'utilité publique, qui renseignent l'historien sur l'insertion des silos dans le tissu d'une agglomération. L'intégration des silos dans les PPRI (Plans de Prévention des Risques Industriels) induit des conséquences sur le PLU (plan local d'urbanisme) et sur la circulation automobile interdite aux abords ; faut-il alors intégrer les silos dans le périmètre d'une AVAP (ex-ZPPAUP) ? La multiplication des contraintes, pour les industriels, induit aussi des sources de litiges pour la collectivité, et un éventuel rejet des enjeux patrimoniaux. Par quels mécanismes un sentiment patrimonial émerge-t-il, qui aboutit à la préservation de l'édifice? Au contraire, quels manques ou quels phénomènes accélèrent son déclin et précipitent sa destruction? Les contributeurs étaient invités souligner les intérêts et enjeux opposés, le regard de chaque époque sur l'objet: des commanditaires aux contemporains, l'impact des initiatives locales ou des approches artistiques... Un regard croisé avec des expériences nationales était souhaité.

Ce colloque était organisé dans le cadre des activités de la section agroalimentaire de TICCIH, l'association internationale de patrimoine industriel. Troisième manifestation de cette section depuis sa création en 2007, il a été mis en œuvre par l'APIC (Association pour le patrimoine industriel de Champagne-Ardenne) avec le soutien du CILAC et la collaboration du CRDP de Reims et de son réseau.
La municipalité de Nogent-sur-Seine (Aube) a accueilli les travaux du colloque. Historiquement ancré dans le négoce du blé et de l'orge depuis le XVIIIe siècle, ce territoire fonde encore aujourd'hui son développement économique et urbain sur cette activité; l'inauguration, en 2010, de la plus grande malterie d'Europe par le Groupe Soufflet, implanté à Nogent depuis 1900, montre que cette grande tendance non seulement perdure, mais s'amplifie dans le contexte de la globalisation.
Ce volume des actes reprend la plus grande partie des communications du colloque. chaque partie est précédée d'une contextualisation, en forme de synthèse, dans laquelle la France est largement évoquée, afin de mettre les contributions en perspective et du fait des recherches personnelles du rédacteur.

 

 

Collection Patrimoines
ISSN 21058954
Date de première publication du titre 21 mai 2014
Avec Index ; Bibliographie

ISBN-10 2-919732-28-5
ISBN-13 978-2-919732-28-9
GTIN13 (EAN13) 9782919732289
Date de publication du format 21 mai 2014
Publication Chambéry, France
Nombre de pages de contenu principal 192
Illustrations 
153 illustrations, couleur
Format 29,7 x 24 x 1 cm
Poids 800 gr
Prix 30,00 €