LES SILOS : un  patrimoine à inventer
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Nogent-sur-Seine, 20-22 octobre 2011
3e Rencontre internationale de la section  Patrimoine Agroalimentaire de TICCIH
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  Les silos,  qu’ils soient à vocation alimentaire ou non, par leurs silhouettes grandioses,  marquent profondément le territoire rural, urbain ou portuaire. Dans les  paysages de champs ouverts d’Europe occidentale, ils constituent des  monuments-signaux car leur hauteur et le nombre de leurs alvéoles les rendent  plus visibles que les repères traditionnels comme les églises. Pourtant, les  silos (à grain, et plus largement les édifices de stockage) connaissent une  certaine désaffection, de la part des chercheurs comme de la société civile.  Voilà résumé un état de la question que déplorait le Préambule du colloque sur les silos à grain organisé en France  par le CILAC à Chartres en novembre 1995. 
  Depuis cette  date, des études ponctuelles se sont multipliées, parfois à l’échelle d’une  ville, d’une région ou d’un pays, qui, sans aboutir à une synthèse générale  susceptible de rendre une image précise, ont mis l’accent sur les dimensions  techniques et économiques : évolution des techniques de stockage  appliquées au grain mais aussi à d’autres produits, diffusion des connaissances  techniques et échanges de technologies, impact des stratégies politiques et  alimentaires des gouvernements d’Europe ou d’ailleurs...
  Malgré de  grandes disparités entre les pays, l’émergence d’un sentiment patrimonial a  abouti, ici et là, à une prise d’initiatives vers la préservation, la  réhabilitation et la  réaffectation de  ces édifices. La spectaculaire réhabilitation du silo d’Arenc, à Marseille, en  France, en est un exemple. Mais des projets moins ambitieux méritent tout  autant l’attention, comme les combats de quelques passionnés pour sauvegarder  ce petit patrimoine bâti qui marque tant leur paysage quotidien. 
  La diversité et  la richesse des approches plastiques participent à l’enrichissement de cette  icône de l’architecture contemporaine saluée par Gropius puis par Le Corbusier,  au point qu’il est tentant d’évoquer une tradition ou un attachement des  artistes à ce thème. Après un siècle, il s’agit toujours d’une rencontre, d’une  découverte, d’une stupeur. Pourtant, en un siècle, tout a changé. A l’heure  d’Internet, des NTIC et de la virtualité, la modernité et la monumentalité ont  pris de nouvelles formes et sont entrées dans le quotidien de la quasi totalité  des foyers. Le silo n’a donc plus la même portée symbolique mais il continue de  captiver peintres, photographes, plasticiens, graphistes, cinéastes,  architectes… Or, la vision des artistes apparait souvent en contradiction avec  le regard plus hostile et certainement ignorant de nos contemporains. Qu’ils  soient ou non proches voisins d’un silo, citadins ou ruraux considèrent cet  édifice familier au pire comme source de nuisance, au mieux comme une plaie  dans le paysage. 
Sentiment  patrimonial, émotion, esthétique, hostilité, il s’agit toujours de perception.  Il restera à confronter cette perception française avec celles des autres pays.
  En 2011, le  TICCIH souhaite dresser  un bilan d’étape,  dans un colloque où la dimension internationale, qui est sa vocation, donnerait  de nouvelles perspectives.
Le débat  s’articulera autour des axes suivants :
  
1°  Conserver et stocker les aliments : histoire techniques des modes de  conservation, progrès et innovations, pratiques et formes. 
  Cette thématique se limitera à l’étude du stockage  des aliments « secs » que sont le grain, le sucre ou le café, sans  restrictions géographiques. Les formes de stockage anciennes et archaïques  pourront être évoquées ; de même, les phénomènes de perpétuation des  pratiques et leurs impacts sur les formes de stockage actuelles pourront être  détaillés. Mais on privilégiera la chronologie la plus récente, celle des  siècles de l’industrie. A l’époque contemporaine, l’organisation des marchés et  les énormes besoins alimentaires des sociétés industrielles poussent à  l’introduction de nouvelles formes dont l’ampleur et la diffusion des modèles  attestent de la vigueur.
  
2° Techniques constructives et stratégies économiques ; matériaux, constructeurs et nécessités fonctionnelles, politique publiques et grand commerce.
Techniques, brevets, normes, entreprises,  concurrence... Cet axe s’intéresse plus particulièrement aux aspects techniques  et mercantiles de la construction des édifices de stockage, à leurs mutations  dans le temps en fonction de l’évolution des contextes économiques, techniques  et sociaux. On peut également y aborder l’impact de la collectivité/de l’Etat/du  commanditaire sur ces choix, mais aussi l’impact des silos sur le développement  urbain ou portuaire. Ce dernier point est indissociable des grandes stratégies  politiques et économiques, et de leur impact sur la création des réseaux de  collecte/stockage (ou centre de production).
3° Esthétique,  style et image : l’approche esthétique des architectes et des artistes.
  Le silo, par ses fonctions et sa monumentalité,  induit une réflexion architecturale spécifique. Il s’agira ici d’analyser  l’approche plastique des architectes, leur manière d’aborder le programme  architectural et de s’en emparer. La richesses des solutions apportées aux  contraintes techniques et formelles et la récupération doctrinale du silo par  les théoriciens seront éclairées, et replacées dans les grands courants  architecturaux. Les silos constituent aussi une source d’inspiration pour les  artistes peintres, plasticiens, auteurs de bandée dessinée, romanciers,  cinéastes... les silos ont une dimension culturelle qui se traduit par leur appropriation  dans le champ des Arts ; leur place pourra être analysée dans une  dimension historique ou symbolique, au travers de l’œuvre d’un artiste ou d’un  courant artistique… 
4° Risque  industriel, perception et patrimoine : de l’acte fondateur à la protection, la  réaffectation et la conservation des silos historiques
  Depuis l'explosion du silo de Blaye, en 1997, les  silos sont des installations industrielles classées à risques. Comment cette  catastrophe a-t-elle modifié, ou non, la perception du silo comme sources  de  "nuisances", avant et après  cette catastrophe ?  En quoi la perception du risque a-t-elle un  impact sur l’édifice au moment de sa création ? La gestion des risques est  importante à évoquer, avec les procédures ad hoc du type enquêtes d'utilité publique etc. qui renseignent  l'historien sur l'insertion des silos dans le tissu d'une agglomération.  L’intégration des silos dans les PPRI (Plans de Prévention des Risques  Industriels) induit des conséquences sur le PLU (plan local d'urbanisme)  et sur la circulation automobile interdite aux abords, par exemple ;  faut-il alors intégrer les silos dans le périmètre d'une AVAP (ex-ZPPAUP)? La  multiplication des contraintes, pour les industriels, induit aussi  des sources de litiges pour la collectivité,  et un éventuel rejet des enjeux patrimoniaux. Par quels mécanismes émerge un  sentiment patrimonial qui aboutit à la préservation de l’édifice ? Au  contraire, quels manques ou  quels  phénomènes accélèrent son déclin et précipitent sa destruction ? Les contributeurs  sont invités à souligner les intérêts et enjeux opposés,  le regard de chaque époque sur l’objet : des  commanditaires aux contemporains, l’impact des initiatives locales ou des  approches artistiques... Un regard croisé, avec des expériences nationales, est  vivement attendu.
Ce colloque est  organisé dans le cadre des activités de la section agroalimentaire de TICCIH,  l’association internationale de patrimoine industriel. Troisième manifestation  de cette section depuis sa création en 2007, il est mis en œuvre par l’APIC  (Association pour le patrimoine industriel de Champagne-Ardenne) avec le  soutien du CILAC et la collaboration du CRDP de Reims et de son réseau. 
  La municipalité  de Nogent-sur-Seine (Aube) accueillera les travaux du colloque. Historiquement  ancré dans le négoce du blé et de l'orge depuis le 18e siècle, ce  territoire fonde encore aujourd’hui son développement économique et urbain sur  cette activité ; l’inauguration, en 2010, de la plus grande malterie  d’Europe par le Groupe Soufflet, implanté à Nogent depuis 1900, montre que  cette grande tendance non seulement perdure, mais s'amplifie dans le contexte  de la globalisation. 
  C’est pourquoi  cette rencontre se veut résolument pluridisciplinaire : les interventions  des historiens économistes, et des chercheurs en sciences humaines et sociales,  mais aussi des industriels, des architectes, des plasticiens, sont souhaitées.
Les travaux du  colloque  se dérouleront  les 20-22 octobre 2011 dans les locaux du  Théâtre municipal de Nogent-sur-Seine, construit au XIXe siècle, et  mis à disposition par la municipalité. Les  résumés des interventions, accompagnés d’une courte biographie avec  bibliographie, seront envoyés, avant le Ier juin 2011, au  secrétariat du colloque à l’adresse suivante : picot.francoise@yahoo.com. Après avis du  comité scientifique, le programme des journées sera dressé et amplement  communiqué. Les textes retenus feront l’objet d’une publication dans les actes  du colloque.  Les frais de transports et d’hébergement des communicants  seront pris en charge dans les limites du budget alloué pour cette  manifestation.